Skip to content

Simon Emmering

An Obituary


Par Bob de Graaf

Le bien connu libraire et marchand de gravures, Simon Emmering, est décédé à Amsterdam, ville qui l'a vu naître, le 2 septembre 1999 à l'âge de 85 ans. Le 8 septembre, ses collègues et amis se rendirent nombreux à sa crémation. Les discours prononcés à cette occasion rendirent hommage à sa mémoire, car il fut non seulement un remarquable libraire, mais aussi un homme de grande amabilité.

Simon n'avait que 18 ans quand il embrassa la carrière de libraire au début de 1933. C'est la mauvaise santé de son père, Juda, lui-même libraire depuis 1900 et qui décéda en 1934, qui le décida à agir de la sorte. La crise économique mondiale qui eut un tel impact sur les petites entreprises commerciales, lui rendit la tache très difficile. Il était alors content s'il pouvait gagner en un an la somme de cinq mille florins. A titre d'exemple, un des plus beaux livres publiés aux Pays-Bas au XVIIe siècle, le célèbre Stedeboek en 2 volumes de Johan Blaeu, ne pouvait se vendre plus de 300 florins.

Les années 1940 - 1945 qui furent si tragiques pour la majorité des Juifs néerlandais affectèrent également la vie de Simon; la plus grande partie de sa famille autant paternelle que maternelle fut déportée et tuée. En 1942, Simon eut la chance de trouver une cache clandestine à Overveen (un village près de Haarlem), puis ensuite à Amsterdam. Les circonstances étaient loin d'être idéales, mais au moins, il put survivre à la guerre.

Les tracas de Simon ne prirent pas fin avec la capitulation allemande, car il fut contraint d'aller en justice pour obtenir le droit de relouer la maison d'où il menait ses transactions commerciales depuis 1938. Ce n'est qu'en avril 1947 qu'il occupa à nouveau la maison située au 304 Nieuwe Zijds Voorburgwal; il fut en mesure de l'acquérir quelque temps après. Elle demeura son adresse professionnelle jusqu'en 1998, date à laquelle il prit sa retraite. Pendant plus d'un demi-siècle, des milliers de visiteurs ont passé le pas de la porte de cette petite mais charmante et hospitalière maison.

Son goût dans le domaine des livres anciens était excellent. Il achetait et vendait des beaux livres illustrés, tels que des livres d'emblèmes et de fêtes, de topographie (avec une préférence pour sa bien-aimée ville Amsterdam), de voyages (il possédait un stock intéressant de livres sur les Antilles néerlandaises), de Judaica, etc. Une de ses spécialités était les livres du grand philosophe Spinoza et du très savant rabbin et éditeur Menasseh ben Israel.

Simon n'était pas seulement un libraire de livres rares par excellence, il était également un remarquable marchand de gravures. Il voyagea beaucoup durant ses années d'activité, accumulant ainsi un des meilleurs stocks d'Europe de gravures de la renaissance. Sa maîtrise du sujet, en particulier dans l'art graphique ornemental, était impressionnante, et de plus, il était toujours prêt à la partager avec ses clients, ses amis et ses collègues. Un marchand de gravures est tributaire de son bon goût, et du fingerspitzengefühl (doigté) pour ce qui a vraiment de la valeur, et Simon possédait ces deux qualités.

Cela se voyait dans la magnifique collection de gravures que possédait Simon, et qui représentait des personnes en train de lire, des hommes et des femmes dans des librairies, etc. On ne peut qu'espérer que cette collection unique, fruit de longues années, faite de centaines de bois gravés, gravures et lithographies, ne sera pas dispersée mais sera acquise par une des grandes institutions publiques d'Amsterdam.

Simon était encore plus que tout cela. Pour beaucoup d'entre nous il fut un cher et grand ami qui nous manquera énormément.